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CASTIGLIONE (B.). Le Courtisan, nouvellement traduict de langue ytalicque en vulgaire francoys. Paris, Jehan Longis et Vincent Sertenas, 1537, 2 parties en un vol. in-12 de 146 ff. sign. a-s8 et t2 (t2 blanc) et 114 ff. sign. a-o8 et p2 (p2 blanc, manquant ici), maroquin rouge, filets dorés autour des plats, dos à nerfs orné, tranches dorées (Hardy-Mennil).

Première édition en lettres rondes, en partie originale, de la première traduction française du Courtisan. Elle est la première à être complète et la plus rare aujourd'hui.

François Ier, Le Livre du courtisan de Balthasar Castiglione et sa première traduction française.
Sous l'impulsion de François Ier, la fin du premier tiers du XVIe siècle voit en France une « impressionnante éclosion de traductions de l'italien ». Celle-ci témoigne du goût passionné du roi pour la culture et la langue transalpines, qui entraîne à sa suite celui de la Cour, des lettrés et de l'édition.
C'est dans cette effervescence intellectuelle que paraît en 1537 à Paris la première traduction en français du Livre du courtisan de Balthasar Castiglione.
Paru en italien en 1528, le Cortegiano n'aurait été achevé par Castiglione que sur les encouragements de François Ier. Et tout porte à croire, d'après Gérard Defaux (Traduction, 2002), que sans les aléas politiques, c'est à dire sans l'entreprise de conquête que le roi de France décida de mener en l'Italie, Baldesar Castiglione aurait sans aucun doute dédié son Livre du courtisan à François Ier. S'il n'en fut rien, l'auteur lui fit toutefois présenter un exemplaire par l'intermédiaire de Lodovico Canossa, ambassadeur de France à Venise.

François Ier demanda alors à Jacques Colin, secrétaire de la chambre du roi, une traduction de l'ouvrage en français.
Pour des raisons qui restent encore en partie mystérieuses (le travail de Colin fut-il trop lent ? Y eût-il des rivalités entre lettrés ?), au moins un autre traducteur s'attela parallèlement à la tâche et l'édition qui parut, en 1537, chez Jehan Longis et Vincent Sertenas, se présente comme l'assemblage de deux travaux de traduction distincts :
- celle du Livre I, œuvre d'un certain Jean Chaperon, dit le Lassé de repos, auteur peu connu, dont les quelques travaux identifiés présentent, d'après R. Klesczewski, les mêmes caractéritiques d'une syntaxe confuse, d'un vocabulaire vieilli et de tournures de phrases populaires.
- les 3 autres livres ont été mis en français par Jacques Colin (v. Defaux, p. 523, n. 27), dans une langue significativement plus élégante.

Il faut noter en outre que paraissent en réalité, à quelques semaines d'intervalle, deux éditions différentes : l'une, en caractères gothiques ; l'autre, en caractères ronds. Ces deux éditions qui, dans leur ensemble, sont similaires, présentent toutefois quelques différences importantes (v. Defaux, pp. 521-523, n. 25) :

a) Paris : Vincent Sertenas pour Jehan Longis, avril 1537.
En caractères gothiques.
Cette édition ne comprend ni le « Prologue au lecteur », ni une partie du Livre II.
(Mazarine, Rés. 28 212 ; BNF, rés. *E 592).

b) Paris : Jehan Longis et Vincent Sertenas, 1537.
En caractères romains.
Cette édition qui contient, au ff. iii-viii, le « Prologue au lecteur », suivi (toujours au f. viii) du huitain de Jean Chaperon, est la première à présenter une version intégrale du texte, puisque le Livre II y est complet.
(seul ex. cité : Wolfenbüttel, Herzog August Bibliot., 123.6 Pol.).

La Bibliothèque nationale ne possède que l'édition imprimée en caractères gothiques et Bechtel ne signale pas celle en caractères ronds, qui n'est décrite par les exégètes qu'à partir d'un seul exemplaire, conservé à la Herzog August Bibliothek de Wolfenbüttel (cote 123.6 Pol.) et identifié par Klesczewski.

Une vignette de titre gravée sur bois, répétée deux fois.

Exemplaire établi au XIXe siècle par Hardy-Mennil qui exerça à Paris entre 1850 et 1880.

Dimensions : 155 x 95 mm.
Récemment, un exemplaire de cette même édition, mais en reliure de l'époque, a été proposé par un libraire parisien ; il indiquait les dimensions suivantes : 158 x 99 mm.

Provenance : R. Hoe (Cat., 1911, n° 651).

Bechtel (G.), Catalogue des gothiques français, 1476-1560, C-36, p. 115 (« Première traduction française ». Cite comme éditions suivantes, celle de Lyon (1538) et de Paris (1540)) ; [...], Le Livre dans la vie quotidienne, Bibliothèque nationale, 1975, pp. 102-103 ; Klesczewski (R.), Die französische Übersetzungen des Cortegiano von Baldassare Castiglione, Heidelberg, Carl Winter, 1966, pp. 21-36 et 177, n° 2 ; Defaux (G.), « De la traduction du Courtisan... : François Ier, Jacques Colin, Mellin de Saint-Gelais et le MS. BNF FR. 2335 », in Bibliothèque d'humanisme et Renaissance, LXIV, 2002, n° 3, pp. 513-548.

 

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Illustrations

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