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CENDRARS (B.). La Main coupée. Paris, Denoël, 1946,  in-12°, broché, couverture.

ÉDITION ORIGINALE.
 
Une vie tumultueuse...
Après avoir connu l'Égypte, l'Allemagne, la Russie ou encore les États-Unis, en 1912, Blaise Cendrars (1887-1961) arrive à Paris. Sans le sou mais avec quelques textes dans ses carnets, il fréquente les anarchistes et les artistes de l'Avant-Garde : Max Jacob l'appelle « le Suisse errant ». L'année suivante, en collaboration avec Sonia Delaunay, à qui Apollinaire l'a présenté, il publie La Prose du Transsibérien et de la petite Jehanne de France. Sa forte personnalité et sa verve, la hardiesse stylistique et rythmique de son long poème lui ouvrent les portes du Paris artistique.
Le 2 août 1914, c'est la guerre. Aussitôt, le 3, il s'engage - étant suisse - dans la Légion étrangère. Le 28 septembre 1915, un obus lui arrache le bras droit. 
Mais son amputation ne lui arrache pas son envie d'écrire et de bourlinguer ! Le 16 février 1916, il est naturalisé français. Il est correspondant de guerre, grand reporter... Il reprend ses voyages qui le mènent au Brésil et, à nouveau, aux États-Unis. Il crée un ballet avec Fernand Léger et Darius Milhaud, est l'assistant d'Abel Gance au cinéma, publie de nombreux livres. Deux lui apporteront la célébrité : L'Or, en 1925, et Moravagine, en 1926.
 
... et ses « Mémoires » décousus. 
Après la défaite de 1940, Cendrars s'est retiré à Aix-en-Provence. À la suite d'une conversation avec un ami, il écrit quelques souvenirs revenus brusquement à sa mémoire, et, dira-t-il : « Alors, j'ai pris feu dans ma solitude... »
Si rien ne semble lui être plus étranger que l'idée de rédiger un récit continu de sa vie, de ses souvenirs, repris au gré de son humeur et de sa fantaisie, allant d'une époque à une autre, de continent en continent, il compose bientôt la matière de plusieurs volumes de Mémoires. Très différents les uns des autres, ils paraîtront séparément : d'abord, L'Homme foudroyé, en 1945, rapidement suivi de La Main coupée, en 1946, Bourlinguer, en 1948 et, enfin,  Le Lotissement du ciel, en 1949.
La Main coupée est le seul des quatre textes qui se réfère à une même époque de sa vie : la Première Guerre. Campés en plein « cauchemar », ses portraits et ses anecdotes sont « une évocation extrêmement vivante et dramatique de la Grande Guerre », entre horreurs et fraternité.
Dès 1918, Cendrars avait commencé une première version de La Main coupée, restée inachevée et très différente de celle qui sera publiée. La même année, il avait publié J'ai tué, dont le récit repose aussi sur sa terrible expérience de la guerre.
 
Sur le faux-titre, Cendrars a porté cet émouvant envoi autographe à Raymone Duchâteau :


À RAYMONE,
La Main coupée / avec ma main amie
et / Tout / un vendredi treize
à / Paris / Hôtel des Deux Mondes
Blaise / Décembre 46


Alors qu'il est marié à Féla Poznanska, Cendrars rencontre à Paris, en 1917, la comédienne Raymone Duchâteau (1896-1986). Elle sera dès lors l'indéfectible amie, celle qu'il nomme son « amour mystique ». Devenu veuf  en 1943, il l'épouse en 1949.
L'Hôtel des Deux Mondes se trouvait au n° 22 de l'avenue de l'Opéra. Il fut fermé dans les années 1940. En 1924, Scott Fitzgerald y écrivit Gatsby le Magnifique.
 
Sont joints :


•     un portrait photographique de Blaise Cendrars assis, en uniforme du régiment de marche de la Légion étrangère, portant ses décorations (médaille militaire et croix de guerre avec palmes). Au dos, on lit la mention manuscrite autographe « Dimanche de Pâques 1916 » : quelques mois à peine après son amputation du bras droit. Il est alors correspondant de guerre.
Tirage argentique d'époque, sur papier Kodak, 160 x 116 mm (3 angles écornés).
Il remplace la même photographie imprimée, présente dans l'édition, et qui, ici, a été soigneusement enlevée.
 
•     un billet tapuscrit signé d'André Malraux (1901-1976) à Cendrars, daté du 30 octobre [1958], dans lequel il demande à être informé d'une date par l'éditeur Denoël, afin qu'il soit « assuré de n'avoir pas de Conseil ».
À la fin de 1958, Cendrars est fait commandeur de la Légion d'honneur par Malraux qui est alors, depuis juin, ministre délégué à la présidence du Conseil, avant d'être nommé au ministère des Affaires culturelles, en 1959.
 
Exemplaire sur papier d'édition.
 
Provenance : Raymone Cendrars.
 
Cendrars (M.), Blaise Cendrars, Balland, 1984, pp. 406-494 ; [...], Dis-moi, Blaise. Léger, Chagall, Picasso et Blaise Cendrars, RMN, 2009, pp. 163-177 et fig. 8.

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Illustrations

  • CENDRARS (B.).
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