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DUBUFFET (J.) & GUILLEVIC (E.). Les Murs. Paris, Les Éditions du Livre, 1950, in-folio, en ff., couverture, chemise, étui.

Édition originale.
Eugène Guillevic fut reconnu comme une nouvelle voie de la poésie française dès son premier recueil, Terraqué, publié en 1942. Récompensée en 1976 par le Grand Prix de l'Académie de la Poésie Française, son œuvre présente la vision d'un monde étrange, inspirée de sa Bretagne natale, appréhendée comme  "un univers pauvre de rochers et de fougères dans lequel l'homme fait figure d'étranger". Comme lui amoureux des choses "basses" (les pierres, la terre...), Dubuffet illustra deux de ses recueils, Les Murs, et Élégies, à la demande des René Bertelé pour le second. Pour l'éditeur et critique d'art, Guillevic compte au rang des poètes-artistes défendus par l'éditeur, avec  Michaux, Desnos et Prévert.

15 lithographies de Jean Dubuffet tirées à pleine page en noir, dont une en regard du titre.
Il exécuta cette seconde série quelques mois après son stage à l'automne 1944 chez Fernand Mourlot, et sitôt sa première série, Matière et Mémoire, achevée. Elle fut initiée par le lithographe, éditeur occasionnel, qui souhaitait tirer  un "bel ouvrage de grand luxe (100 ou 110 exemplaires)" des Murs de Guillevic, réunissant les douze poèmes et douze lithographies de Dubuffet.
Il ne paraîtra qu'en 1950 aux Éditions du Livre, mais les lithographies, réalisées dès 1945, connaîtront la même année un tirage séparé.
On peut le considérer comme le premier véritable travail d'illustration de Dubuffet dans le domaine de la gravure, Matière et Mémoire étant la réunion fortuite de ses premiers essais sur pierre, sur les conseils avisés de Mourlot. Dubuffet admire Guillevic depuis Terraqué. Sans doute se reconnait-il dans son univers frustre et lapidaire, qui lui permit d'exprimer sa propre fascination pour le minéral et la pierre lithographique, qui l'émoustille.  "Passionnant l'épousaille du papier et de la pierre sous la pesée de la presse " se réjouit-il. La série fut ainsi mûrie sur plusieurs mois, l'artiste finissant par découvrir  "des manières de faire plus intéressantes que [ses] premiers essais".
Graffités, gisants, historiés ou décrépits, ses murs dégagent toujours une présence magnétique, qui absorbent souvent les figures de passants et les animaux qui l'animent. Symbole d'urbanité, la façade  est aussi  pour Dubuffet l'occasion d'explorer un autre thème de prédilection, la ville.
Parmi la trentaine de lithographies proposées,  l'éditeur en conserve la moitié, et  9 parmi les refusées furent retenues pour constituer les suites des exemplaires sur Japon impérial.

L'un des 150 exemplaires sur papier de Montval ; celui-ci a été enrichi d'un envoi autographe du peintre à René Bertelé :


Avec l'affectueux salut de
Jean Dubuffet
à René Bertelet
Avril 1951


Ami des poètes et des artistes qu'il associa dans ses publications, René Bertelé était depuis les années 50 membre du collège de Pataphysique aux côtés de Jean Dubuffet, Raymond Queneau, Jacques Prévert et Boris Vian. La dernière période de sa carrière est marquée par la peinture. Conseiller artistique de la galerie Rive Gauche, il organisa l'exposition de Dubuffet, Démons et Merveilles, en 1953-54.

Pièce jointe : Dubuffet (J.). Portraits à ressemblance extraite, à ressemblance éclatée. [Paris], Galerie René Drouin, 1947, in-folio de deux feuillets sous forme d'un journal. Dimensions : 435 x 273 mm. Catalogue de l'exposition à la galerie Drouin.

Édition limitée  à 172 exemplaires.

Dimensions : 378 x 286 mm. 

Provenance : René Bertelé (Cat., 1997, n° 155).

A. Coron, 50 livres illustrés depuis 1947, n° 11 ;  Bibliothèque nationale, 1982, Jean Dubuffet, p. 5 ; Lebon, L'œuvre gravé et les livres illustrés par J. Dubuffet, I, pp. 52 à 76 ; Victoria & Albert Museum, From Manet to Hockney, n° 122.

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Illustrations

  • DUBUFFET (J.) & GUILLEVIC (E.).