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ÉLUARD (P.) - ERNST (M.). Répétitions. Paris, Au sans pareil, 1922, in-8°, maroquin corail, décoré sur le premier plat de deux jeux de pastilles de box bleu et noir superposées deux à deux et de taille décroissante composant une perspective fuyante, dos lisse, titre doré disposé verticalement, doublure et gardes de soie moirée blanche sertie d'un triple filet doré, couverture, tranches dorées, étui (Georges Hugnet 1937).

ÉDITION ORIGINALE.

Le livre préféré de Paul Éluard et sa première collaboration avec Max Ernst, dont c'est le premier livre de collages.
Répétitions fut composé en 1921, en pleine période Dada. Dans une lettre à Jacques Doucet, Paul Éluard (1895-1952) écrit :  « De tous mes livres, Répétitions est celui que je préfère. Il réunit tout ce que je ne pouvais écrire, depuis huit ans, dans mes autres livres, d'un genre trop spécial. »
Ayant découvert en 1920 les déconcertants collages de Max Ernst (1891-1976) exposés au Sans pareil, Éluard fut curieux d'en connaître l'auteur et se rendit quelques mois plus tard à Cologne. Leur rencontre prit immédiatement le tour d'une relation fusionnelle. Ernst offrit à Éluard de choisir parmi ses collages pour illustrer ses poèmes en cours et celui-ci parvint « par un curieux phénomène d'osmose et de mimétisme [à constituer un étroit assemblage d'] équivalents plastiques (onze collages) et poétiques (quarante-neuf poèmes) d'une même donnée intangible [...,] de miraculeuses correspondances. » (Sanouillet, Dada à Paris).
Leur collaboration se poursuivit dès la même année avec Les Malheurs des immortels, que Max Ernst illustra de collages originaux et dont ils écrivirent ensemble les textes.

11 collages de Max Ernst : 10 (dont celui de la couverture) interprétés sur bois et un reproduit en couleurs en frontispice.
Ils reflètent les deux types de collages mis au point à l'époque par l'artiste : les « synthétiques » et les « analytiques ». Les premiers rassemblent des éléments disparates, tandis que les seconds procèdent par l'ajout de pièces sur un décor prééxistant. Tous trouvent principalement leur source d'inspiration dans les livres d'instruction technique, tels que les revues La Nature et Le Livre des inventions.

Précieux exemplaire offert par Paul Éluard à Georges Hugnet, avec cet envoi :


À Georges Hugnet
« Un mode de penser marche sous l'avenir / en coupe »
Ce petit livre qui était fut un mode / d'oublier,
affectueusement
Paul Éluard


Une des premières reliures dessinées par Georges Hugnet.
Tour à tour poète, écrivain, dramaturge, graphiste et cinéaste, Georges Hugnet (1906-1974) fut aussi le premier historien du mouvement Dada. Membre du groupe surréaliste, en 1932, il en fut exclu en 1939. Ses recherches plastiques se composent de décalcomanies automatiques, de photo-montages et collages photographiques, de découpages et assemblages de matériaux divers : objets trouvés, bois flottés, cailloux, algues et autres papiers déchirés.
Son goût pour l'objet livre - goût qu'il partageait avec Éluard - l'amena à concevoir quelques reliures qu'il appelait ses « livres-objets », d'abord pour sa propre bibliothèque puis pour des commandes. Rares, elles sont aujourd'hui très recherchées par les amateurs. La reliure de maroquin corail qui habille notre exemplaire, signée et datée de 1937, est des toutes premières qu'il ait dessinées. Elle a vraisemblablement été établie par Louis Christy, relieur de prédilection des surréalistes, installé à Paris dans les années 1930. Plus tard, dans les années 1950-1960, d'autres reliures d'Hugnet, seront exécutées par Henri Mercher.

Édition limitée à 350 exemplaires, tous sur papier couché, celui-ci porte le n° 280.

Dimensions : 217 x 135 mm.

Provenance : Georges Hugnet.

Fouché (P.), Au sans pareil, p. 158 ; Spies (W.), Max Ernst, les collages, inventaires et contradictions, pp. 107-112 ; Gateau (J.-C.), Paul Éluard ou le frère voyant, pp. 93-99 ; Éluard (P.), Œuvres complètes, I, La Pléiade, pp. 1341-1352.

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Illustrations

  • ÉLUARD (P.) - ERNST (M.).
  • ÉLUARD (P.) - ERNST (M.).