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GRACQ (J.). Le Rivage des Syrtes... Paris, Librairie José Corti, 1951, in-12, broché, couverture imprimée de l'éditeur.

ÉDITION ORIGINALE de l'un des romans majeurs de la seconde moitié du XXe siècle.
Le Rivage des Syrtes est l'œuvre la plus célèbre de Julien Gracq (1910-2007). Elle valut à son auteur le prix Goncourt, qu'il refusa avec retentissement.

Le calme de l'attente avant la tempête.
« Indépendamment de ce qui arrive, n'arrive pas, écrit Breton, c'est l'attente qui est magnifique. » Bâti autour de ce thème cher aux surréalistes, Le Rivage des Syrtes emmène le lecteur sur le rivage désert d'une contrée imaginaire - la république d'Orsenna - où se dresse une forteresse en ruine. Elle fait face à un ennemi assoupi, le Farghestan, de l'autre côté de la mer des Syrtes. Depuis trois siècles, la guerre entre les deux pays s'est muée en paix armée. Tout est torpeur et enlisement. Il ne se passe jamais rien. Le jeune Aldo, héros et narrateur du roman, rejoint la garnison de la citadelle, « rêvant d'une voile naissant du vide de la mer » aux côtés de quatre officiers. Dans cette sentinelle du néant, que faire sinon lire, rêver, monter à cheval ou chasser ? Confiné sur son territoire et guetté par l'ennui, il n'a de cesse de fantasmer sur le Farghestan fabuleux. Las de son existence monotone, Aldo finit par franchir en barque la frontière interdite ; il ravivera à son insu les braises de la guerre et déclenchera le chaos, la destruction d'Orsenna.

Ce que Gracq a souhaité saisir et mettre en scène dans son Rivage teinté d'onirisme, c'est ce moment fascinant et fatidique où l'Histoire sort de sa léthargie pour se mettre en mouvement. À l'initiative d'un seul homme qui a rompu le pacte. Il signe aussi un grand roman sur l'attente (dans la lignée du Désert des Tartares de Dino Buzzati paru en 1940), avec un « ennemi invisible »...

Scandale et succès.
À sa parution, le troisième roman de Julien Gracq fut considéré comme son œuvre maîtresse ; il suscita l'adhésion unanime de la critique. Publié en septembre 1951, en pleine rentrée littéraire, il fit figure de favori pour la course aux prix. Un paradoxe de taille pour un écrivain qui, un an plus tôt, dans son pamphlet La Littérature à l'estomac, fustigeait le petit monde frelaté de l'édition, ses magouilles et autres dérives. Gracq jugea plus prudent de se fendre d'une lettre au Figaro littéraire pour affirmer d'emblée sa position de « non candidat ». Peine perdue : le Goncourt lui fut attribué au premier tour de scrutin, fait rarissime, par 6 voix contre 3. Le refus historique de Gracq fera date.

Les manuscrits de travail et la mise au net de ce roman sont conservés à la Bibliothèque nationale de France (Legs Julien Gracq, 2008).

L'un des 40 premiers exemplaires sur vergé de Rives.

Exemplaire dans sa condition d'origine, non coupé, parfaitement conservé.
Il est préservé dans une chemise-étui de Devauchelle.

Dimensions : 205 x 130 mm.

Boie (B., dir.), « Notice au Rivage des Syrtes », dans Gracq (J.), Œuvres complètes, I, Gallimard, La Pléiade, 1989, pp. 1327-1365.

 

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