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GRECO (G.). Le jeu des Eschets... Paris, N. Pepingue, 1669, in-16, maroquin rouge, filets dorés autour des plats, armes au centre, chiffre entrelacé en angles, dos à nerfs orné du même chiffre plusieurs fois répété, roulette dorée intérieure, tranches dorées (reliure de l' époque).

Édition originale de la traduction française.
Dédiée au marquis de Louvois, on doit cette version française à Ragueneau, comme indiqué de la main de son traducteur au dernier feuillet de la préface de notre volume et de celui du dédicataire, qui a appartenu à Alexis de Redé.

Le « vrai best-seller », du jeu des échecs.
Introduit en Europe à la fin de l'an mil, ce jeu trouva une place de choix dans les divertissements de l'aristocratie. Progressivement, sous l'infl uence de maîtres espagnols, ces derniers le jugeant trop lent, de nouvelles règles furent introduites, donnant à celui-ci plus de rapidité. Un premier traité imprimé vit le jour en 1495 à Valence, suivi quelques mois plus tard par celui de Luis de Lucena, sorti d'une presse de Salamanque, mais c'est à Damiano de Odeira, que revint le mérite d'avoir publié un manuel reconnu de l'Europe entière. Écrit en italien, il fut publié en 1512 à Rome. Il suscita une querelle entre Espagnols et Italiens, au profit de ces derniers. Son ouvrage, traduit en 1560 en français, sous le titre Le Plaisant jeu des Échecs... est en réalité le premier manuel d'échecs dans notre langue.

Avec le traité de Giacomo Greco (1600-1634), dit le Calabrais, une étape capitale est franchie.
Son ouvrage, l'un des premiers sans illustrations, très précis dans les différents exercices qu'il propose, est le traité d'un joueur célèbre ayant fait de son art un terrain de voyage. Il parcourut ainsi l'Europe, obtenant des succès en France, en Angleterre, en Espagne et même aux États-Unis, ultime étape de sa vie. L'ouvrage connut de nombreuses éditions qui vont se succéder à partir de 1619. Philidor l'éclipsera en 1749, date de publication de son traité.

L'un des plus précieux exemplaires que l'on connaisse de cet ouvrage.
Il fut relié à la demande d'Hélie Du Fresnoy (1614-1698), qui fi t frapper ses armes et son chiffre sur les plats. Cet illustre collectionneur, dont la bibliothèque comportait d'après Pichon une centaine de volumes, pour la plupart des ouvrages classiques, très souvent en latin, a fait travailler deux ateliers de relieurs, entre 1662 et 1680, période de ses acquisitions ; la nôtre sortant du second. Notre distingué bibliophile occupa notamment la charge de premier commis au secrétariat de la Guerre sous Louvois. Le volume au destin célèbre a ensuite appartenu à André-Joseph Fauvel, en qui Pierre Berès a reconnu le violoniste de la fin du XVIIIe siècle, puis au baron Jérôme Pichon, qui a couvert deux feuillets de garde d'un long et très intéressant commentaire manuscrit, donnant de nombreux renseignements sur Du Fresnoy, ses livres et la relation que Louvois a entretenue avec l'épouse de son commis, pour laquelle une charge fut créée en 1673, celle de « dame du lit de la reine ». Pichon, qui l'a acquis à Lisieux en 1868, a recensé vingt-huit exemplaires de cette provenance, qui est devenue rare aujourd'hui.

Sobre et élégante, cette reliure nous est parvenue dans un parfait état de conservation, à la différence de celle de l'exemplaire Louvois, que le temps n'a pas épargnée.

Dimensions : 130 x 70 mm.

Provenance : Hélie Du Fresnoy ; Fauvel l'aîné, selon mention manuscrite ; Baron Jérôme Pichon (Cat., 1897, n° 698) ; Pierre Berès (Cat., 2005, n° 102).

Gay, Bibliographie du jeu des échecs, p. 194 ; Pichon, Bulletin du bibliophile, 1893, pp. 420-439 ; Bibliothèque Nationale, Le Livre dans la vie quotidienne, p. 148 ; Eve Nitchine, Jeux de princes, Jeux de vilains, 2009, pp. 42 et 58.

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Illustrations

  • GRECO (G.).
  • GRECO (G.).