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MODIANO (P.). Un pedigree. Paris, Gallimard, NRF, 2005, in-8°, broché, couverture imprimée d'éditeur.

ÉDITION ORIGINALE.

En 2005, Modiano signe un récit bref et bouleversant où il relate pour la première fois, de façon frontale, les vingt et une premières années de son existence. Sans le prisme du roman. Un exercice inédit car jusqu'ici, à la faveur de la fiction, l'auteur de Villa triste avançait volontiers masqué. « J'écris ces pages comme on rédige un constat ou un curriculum vitæ, à titre documentaire, et sans doute pour en finir avec une vie qui n'était pas la mienne. »
Dans Un pedigree, Modiano égrène des listes de noms et de lieux, des dates, des adresses, des moments, des anecdotes. « Une simple pellicule de faits et gestes », dit-il doucement. Son enfance se résume à un tiroir vermoulu contenant de vieux papiers  : photos jaunies, lettres froissées, coupures de journaux, tickets de métro ou billets de train. À partir de ces éléments, il tâche de reconstituer le puzzle de sa prime jeunesse, de pension en internat, dans une solitude endeuillée par un drame familial. « À part mon frère Rudy, sa mort, je crois que rien de tout ce que je rapporterai ici ne me concerne en profondeur », murmure Modiano. Aveu poignant car c'est autour de l'absence de Rudy, dédicataire de ses premiers livres, que s'est bâtie l'œuvre romanesque. Un vide, un creux qu'il a fallu combler en écrivant. Chaque paragraphe ou presque d'Un pedigree trouve un écho, une résonance avec l'un des nombreux romans de Modiano. Comme le flash-back d'une fiction. Le répertoire des motifs et des « obsessions rêveuses » qui ont nourri tous ses textes. Jamais l'émotion, dans son œuvre, n'a été aussi palpable.
Pour prélever « quelques empreintes » dans le sable mouvant du passé, Modiano recourt à une écriture blanche, dépouillée, « littéralement essorée ». Simplicité du style, épure parfaite. Un pedigree est un Modiano majeur, qu'on lit la gorge nouée. Et une invitation à relire sur-le-champ l'intégralité de ses romans.

L'un des 80 premiers exemplaires sur vélin pur fil des papeteries Malmenayde.

Il a été offert par l'auteur à l'écrivain Dominique Noguez, accompagné de cet amical envoi autographe :

Pour Dominique Noguez
Un le pedigree
de l'un des ses lecteurs,
avec toute mon amitié
Patrick Modiano

Romancier, critique, spécialiste de l'humour noir en littérature et du cinéma expérimental, Dominique Noguez joua un rôle majeur dans la carrière de Houellebecq, notamment à ses débuts. Sur celle de Modiano, un peu moins, en dépit de pas mal de points communs entre les deux auteurs  : leur taille démesurée (1m92), une adresse à Saint-Germain-des-Prés, un âge équivalent (à trois ans près) et un éditeur identique (Gallimard). Sans parler de leur adoration partagée pour Duras. Point d'orgue, à Trouville, en octobre 2011 : l'attribution à Modiano du prix Marguerite Duras, dont Noguez est un membre influent du jury normand. « Ce prix est pour moi, plus que tout autre prix, un prix important », déclara l'auteur de La Place de l'Étoile. « C'est le plus beau prix que j'aie jamais reçu », ajouta-t-il.
Modiano se doutait-il qu'il décrocherait, trois ans plus tard, le prix Nobel de littérature ? Pas sûr.

L'exemplaire est préservé dans une chemise-étui à dos de chagrin rouge de Devauchelle.

Dimensions : 216 x 145 mm.

Provenance : Dominique Noguez.

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Illustrations

  • MODIANO (P.)
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