Immarcescible : les émaux de Limoges et leurs collectionneurs

Exposition à la galerie Kugel, Paris, 22 octobre – 20 décembre 2025

Dans un poème de 1866 adressé au peintre émailleur Claudius Popelin, Théophile Gautier célèbre « l’immarcescible émail » – cette matière vitrifiée inaltérable, dont l’éclat défie les siècles.

À la fin du XVe siècle, Limoges, déjà renommée pour ses émaux médiévaux, développe une nouvelle manière de peindre sur cuivre. Enduit de verre coloré cuit au four, le cuivre produit une surface lisse, brillante, inaltérable : ni lumière, ni air, ni temps n’en altèrent les couleurs profondes et les ors délicats réhaussés au pinceau. Ces émaux de la Renaissance fascinent depuis cinq siècles par leur éclat intact et leur pouvoir de traverser le temps.

Ce catalogue d’exposition retrace l’histoire des collectionneurs passionnés. De la création des émaux à nos jours, le catalogue passe en revue les périodes d’engouement et d’oubli. À chaque génération, il suffit de quelques collectionneurs curieux et éclairés pour faire resurgir cette beauté intemporelle. Parmi eux, les différentes branches de la famille Rothschild, J. P. Morgan, Henry Clay Frick, William Randolph Hearst, Hubert de Givenchy, Pierre Bergé et Yves Saint Laurent.

L’ouvrage rassemble un corpus de plus de soixante-dix pièces illustrant l’âge d’or de cette production, de 1520 à 1630, par plus d’une dizaine d’artistes : Pierre Reymond, Pierre Courteys, Pierre, Jean III et Narde Pénicaud, Jean Miette, Jean et Susanne de Court, ou encore Jean I et Joseph Limosin. Une synthèse est faite sur les plaques du Maître de l’Énéide et un nouvel éclairage est porté sur les séries des Preux de Couly Nouailher. Le mystérieux Maître MP, dont le corpus est réétudié à l’occasion de cette publication, s’illustre comme l’un des émailleurs les plus talentueux, aux côtés du virtuose et célèbre Léonard Limosin.